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Le blog de thierry

l'Andorra Ultra Trail Vallnord - Ordino (Andorre) - 26 juin 2010

4 Août 2010 , Rédigé par thierry Publié dans #comptes rendus de course

le voici enfin...

Premier gros objectif de la saison

 

La fin juin approche avec le premier vrai gros objectif de la saison à réaliser… l’Andorra Ultra Trail Vallnord !

Ce ne sera pas simple certainement parce que sur le papier cet ultra-trail ressemble comme un frère à la Montagn’Hard que j’ai couru l’an passé avec bien des moments de souffrance et que de plus, cette année, j’ai purement raté ma dernière semaine de préparation en montagne, la météo étant tellement exécrable que nous avons rebroussé chemin dès le premier jour (la semaine était loin d’être complète !!!). C’est donc avec une distance d’entrainement (presque) correct mais sans avoir avalé de dénivelé que je me pointe à Ordino, charmant village en plein cœur de la principauté d’Andorre ce 25 juin 2010 pour récupérer le dossard que j’ai réservé au mois de janvier.

Première constatation en arrivant dans ce tout petit pays dont je n’ai pour ainsi dire jamais dépassé les boutiques aux multiples produits détaxés du Pas de la Case (je suis sans doute pas le seul !???), c’est que les parois montagneuses qui m’entourent sont particulièrement verticales. Je procède aux formalités et vérifications d’inscription (dossard, puce électronique, cadeau, …) puis me rends au briefing « français » (environ 1/3 des participants parlent la langue de Molière, 1/3 parlent l’espagnol et 1/3 le catalan (andorran ou espagnol de l’est)). On nous prévient qu’entre 2400m et 2800m d’altitude il y a encore beaucoup de neige (étant donné la météo de ce printemps dans les Pyrénées, je ne suis pas vraiment surpris), que malgré les aménagements fais dans celle-ci (passage taillés à coups de pelle, installation de cordes, les deux (!) parfois), il nous faudra rester extrêmement prudent surtout quand nous aborderons ces passages à la lueur de notre lampe frontale… Le spectacle se promet d’être fort sympathique, voir plus.

L’accueil est chaleureux et tous les adorables bénévoles sont trilingues (et moi, ça me simplifie la vie).

Il ne me reste plus qu’à me reposer en cette fin de vendredi A/M, le départ de la course étant prévu le samedi à 0h… c’est dans quelques petites heures à peine ! Je m’évapore une petite heure avant un premier réveil pour porter un sac que l’organisation mettra à ma disposition au ravito du 42ème kilomètre et dîner dans mon Scénic-camping-car, puis de refaire deux trop petites heures !

A 23h, je me mets en tenue, vérifie une dernière fois le contenu de mon sac à dos de course et me dirige vers la ligne de départ où le speakeur et la musique s’en donnent à cœur-joie. L’ambiance est bon-enfant, nous sommes pratiquement 500 compétiteurs à attendre de pouvoir nous élancer dans la nuit. Ce qui fut fait dès minuit !

Des tonnerres d’applaudissements encouragent nos premières foulées pendant toute la traversée du village et à chaque intersection routière jusqu’au dernier hameau avant la première grosse montée au 6ème où s’est massée une foule impressionnante… ça fait chaud au cœur.

Pas question de se mettre dans le rouge, le peloton marche, plutôt vite durant cette raide première côte. Nous venons de prendre 150m de dénivelé en trottinant, il en reste 1400 en marchant ! Au dessus de 2000m d’altitude, la forêt fait peu à peu place aux alpages où quelques troupeaux de chevaux se demandent bien ce que vient foutre ce défilé de lampes frontales au beau milieu de la nuit (nous aussi par moment sans doute… ???). A l’approche du sommet, nous apprécions aussi le spectacle magnifique de ce chapelet de luciole sur fond de roche ou de neige que nous distinguons parfaitement grâce à Dame Lune qui renvoie suffisamment de lumière pour nous révéler parfaitement les paysages andorrans.

A partir de 2200m d’altitude, nous devons aussi traverser de nombreuses plaques de neige parfois (souvent !) très pentues, ce qui est un jeu d’enfant en plein jour mais un jeu un peu plus périlleux à la lueur bien fade d’une petite lampe… Je trouve également que le tracé ne tourne pas énormément, les rampes sont plutôt « direct » vers le sommet ! Ca se vérifiera tout le long du parcours. Les descentes sont (comme on pouvait bien s’en douter) du même acabit et sont donc à aborder avec une prudence extrême. Mon altimètre a le tournis, tous les trois pas le chiffre des unités change.

Après le premier ravitaillement, nous attaquons le point culminant d’Andorre : le pic du Comapedrosa que je vais monter et descendre de nuit. La lune est plus haute dans le ciel et rends le spectacle féérique bien que la pente soit toujours plus dure, on trouvera même sur cette portion une corde tendues entre quelques rochers pour nous aider à traverser les névés sans reculer jusque dans les éboulis traversés plus tôt. Nous sommes tout à coup distrait par le tir d’une fusée de feu d’artifice depuis le sommet, il y en aura deux autres, marquant le passage des trois premiers de la course. Il doit être 4h ou 4h30 du mat’, les surprises de l’organisation sont à la hauteur de la manifestation. Chaque compétiteur aura en effet le bonheur d’être accueilli sur ce sommet rocailleux (2942m), au bout d’une longue et aérienne crête (on ne s‘est pas trop rendu compte du vide dans la nuit, pourtant…), en plus du pointage attendu, par un joueur de tambour et un autre de cornemuse. Un peu de chaleur dans cette immensité minérale, ça fait du bien.

A la descente, mon altimètre reprend le tournis dans l’autre sens entre roches, au début, puis les névés, légèrement mou ou les pieds s’enfoncent de 10 à 15cm, malgré le peu de lumière, je me lâche et grappille un bon nombre de places. Tout à coup nous devons ralentir ; au centre d’une grande plaque de neige, trône un magnifique lac en parti gelé. En cas de glissade, c’est un bain garanti à 0°C !, donc nous le contournerons par le passage taillé à coups de pelle et en tenant la corde qui le borde, merci au gars qui a aménagé tous cela. Dans la course qui me conduit au refuge du Comapedrosa, je me ferai une petite entorse à la cheville gauche, appui qui se dérobe entre neige et rocher, rien de grave, ça gène un peu, mais tant que c’est chaud ça devrait rouler.

J’avalerai rapidement une soupe, grignoterai quelques bricoles et repartirai assez vite de ce second ravito que j’ai abordé avec le lever du jour.

Nous voyons maintenant parfaitement où nous posons nos grôles, mais c’est en marchant que nous nous hissons sur une nouvelle crête avant de basculer sur une nouvelle vallée dont les pentes en face de nous sont blanches, serait-ce de la neige tombée la veille au soir pendant l‘orage ? Nous n’allons pas tarder à être éclairé : c’est bien suite à l’orage qu’il reste à ce lever du jour une couche de billes de grêle qui roulent sous nos pieds dans la descente des pistes de ski d’Arinsal.

Petit ravitaillement rapide au col de la Botella et ça repart pour un long, long morceau. Tout d’abord un très long faux-plat montant de quatre bornes, un sévère coup de cul (400m D+) avant d’aborder une descente comme je n’en ai encore jamais fait… Au début, cordes tendues au dessus des rhododendrons pour attaquer la pente pleine face, spectaculaire ! Puis, des chaines accrochées à la montagne pour un long passage à flan… Ensuite, droit dans la pente sans sentier, à même la forêt, juste à suivre les rubalises (qui ne manquent pas)… c’est épuisant, le chrono tourne et on a le sentiment de ne pas avancer.

Au bout de cette interminable rampe nous finissons par débouler (doucement !) à la base-vie de la Margineda après environ 43 bornes et 11h07min de course pour moi. À première vue tranquille pour moi avec près de deux heures d’avance sur la barrière horaire. Je me pose dans un coin et me ravitaille correctement. J’entends parler partout autour de moi d’abandon, ils et elles sont très nombreux à rendre leur dossard, et quand j’annonce que je vais repartir, ils sont nombreux à s’en étonner (z’ont p’t’ète pas tord).

Une fois dehors, les jambes ont du mal à redémarrer, il est très dur de tourner les pattes sur le plat, à peine mieux en descente !

Au 45ème kilo, alors que nous venons de monter un dénivelé d’environ 200 à 300m, je commence à gamberger grave : malgré m’être bien alimenté à la base vie, les forces ne reviennent pas !, mon entorse m’a causé deux chutes dans la dernière descente, que me réserve-t-elle dans l’avenir ?, la météo de la soirée annonce de gros orages, les pluies les accompagnant seront diluviennes !, et enfin je suis inscrit au GRP fin août qui est mon objectif de l’année ! pas question de finir trop vidé de cette course afin de pouvoir reprendre l’entrainement d’ici deux semaines et qui serait bien compromis si je persiste ! Pour la seconde fois de ma « carrière », je rebrousse chemin, en compagnie de Jean-Marc, pour rendre nos dossards.

S’il y a une course ou l’expression « dré dans l’pentu » signifie quelque chose, c’est bien à l’AUTV !!!

J’ai l’air de quoi avec mon diplôme de « Marathon de Montagne » ??? C’est certain, il ne finira pas dans un cadre…

Bravo tout de même à l’organisation pour son professionnalisme (pas grand-chose à redire), son dévouement, la gentillesse de chacun des bénévoles, et l’ambiance que tous ont su rendre conviviale et agréable.

Je reviendrai en territoire andorran ! mais l’AUTV sera alors, au même titre que peu l’être l’UTMB, le GRP ou le GRR, l’objectif de l’année. Il le mérite bien !!! d’autant que les organisateurs pensent à une version 170km et 11000m de dénivelé positif… sans doute pas plus dur que la version actuelle (?) !

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K
<br /> D'après tes entrainements Corses, je vois que tu as bien récupéré de ton expédition en Andorre.En si peu de temps, çà te faisait de bien gros objectifs ! Il faut te ménager un peu mon vieux Thierry<br /> ! tu en fais beaucoup, et des, pas faciles !<br /> Bonne chance pour le GRP, ça approche, nous allons suivre tes exploits de près !<br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> Merci Christian,<br /> <br /> <br /> Si la prépa avait été correct, ça aurait dû passer en Andorre, mais bon...<br /> <br /> <br /> Tu transmettras mes encouragements à votre petite blonde (Maryse) pour l'UTMB et soigne bien ta cheville, toi aussi les objectifs approchent...<br /> <br /> <br /> <br />