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Le blog de thierry

Grand Raid des Pyrénées (GRP) - Vielle Aure (65) - 27 & 28 août 2010

21 Septembre 2010 , Rédigé par thierry Publié dans #comptes rendus de course

GRP 2010 0828 143828

GRP 2010 : 160km et 10000m D+

27 & 28 août 2010

Et c’est reparti… un quatrième tour dans les Pyrénées cette année, après le Trail Blanch en janvier dont le parcours avait été modifié suite à un accident mortel la semaine précédant la course, après une rando en haute Ariège écourtée dès son départ à cause d’une météo pourrie à la mi-juin, après un ultra trail trop dur pour moi (ou dont la préparation fût bâclée ???...) en Andorre fin juin. Il était temps que je me reprenne en cette fin août au Grand Raid des Pyrénées version ultra avec ses 160km et son dénivelé impressionnant de 10km à terminer en moins de 50h.

Depuis des semaines, faute de relief dans ma région, j’enchaine les kilomètres à différentes allures et profitant de quelques vacances en Corse pour bouffer de la bosse, je m’impose une sortie longue hebdomadaire de plus de 2h30 (jusqu’à 4h) et un cumul de quelques 527 kilomètres courus en juillet-août ou 1085 depuis le 1er mai. Il est donc temps en cette fin d’été d’aller voir sur le terrain…GRP 2010 0826 104536

Il y a quelques temps, j’avais croisé Jean-Marie et Xavier, éminents coureurs Vivonnois, qui sont aussi inscrits au GRP et me proposent de m’emmener avec eux dans les Hautes Pyrénées. Ils seront hébergés par un copain de Xavier dans l’appartement d’une de ses copines mais ne peuvent me promettre qu’il y aura de la place pour moi. Pas de problème, j’emmènerai ma toile de tente et tout le matos de bivouac au cas où. Nous ferons le voyage l’après-midi du 25 afin d’avoir toute la journée du jeudi pour récupérer nos dossards (« 502 » sera mon numéro !), d’assister au briefing d’avant course et de fignoler nos derniers préparatifs. Dès notre arrivée à St Lary, Christian nous attend sur le pas de porte, nous installe dans l’appart’, il y a de la place pour nous tous, et nous conduit à l’apéro chez ses copains de club : les sympathiques « Kékés du Bocage » (une grosse équipe de coureurs vendéens) GRP 2010 0826 104646inscrits en nombre à cette course. La soirée se terminera tous ensemble autour d’un repas correctement arrosé au restaurant. Entre les obligations d’avant course du jeudi ce sera encore, midi et soir, des apéros « Kéké », repas de midi dans notre logis, celui du soir à la pizzeria (pasta oblige !). Nous prenons soin de ne rien oublier dans nos sacs à dos de course et portons une grande attention au contenu des deux poches plastiques que nous confirons à l’organisation afin d’avoir des affaires personnelles aux « bases-vie » de Villelongue et de Luz.

Je n’ai pas encore d’expérience sur une telle distance, bien que j’ai connu un dénivelé identique à la Montagn’Hard l’an passé et si je m’appuis sur la performance de l’ami Michel E. qui a passé la ligne d’arrivée en 37heures lors de l’édition 2009, je me fixe d’arriver en moins de 40 (ce qui me rentre de jour !) et si j’allais titiller la perf de notre Buxerollois …??? Ce serai bien beau donc j’imprime la feuille de route proposée par « softrun.fr » avec l’objectif 37h., pour le moins, ça me fera une base ! et on verra bien si la barre est un peu haute…GRP 2010 0827 043930

Lever très matinal en ce vendredi 27 août 2010 à 3heures et des bricoles pour être sur la place de la mairie de Vielle Aure 30 minutes avant le départ, et il y a déjà du monde… (761 inscrits, près de 700 ont récupéré leur dossard hier). Nous saluons les « Kékés du Bocages » qui se réunissent pour leur traditionnelle photo de groupe du départ de course (on doit même nous y voir).

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La (ma) course :

  • Vielle Aure (791m) – restaurant Merlans (2038m)

Départ à 5h02 à 791m d’altitude. Avant d’attaquer la pente, nous empruntons la petite route jusqu’au centre de Vignec (800m de distance) où nous prenons à droite et nous retrouvons dans un assez large chemin qui s’élève rapidement jusqu’à Espiaube (1550m) avec quelques passages « aménagés » de clôtures. D’Espiaube au col du Portet (2218m), nous remontons une piste de ski très inclinée (au moins du rouge … foncé !). Hé, voila une première grimpette de 1427m (D+) avalée.

GRP 2010 0827 071148Sur le col, un vent de sud-ouest remonte du fond de la vallée avec une force et une vitesse folle (je pense que s’il est de même au Pic du Midi, nous aurons bien du mal à y tenir debout !!!), mais là nous devons dévaler la descente et ce zef se révèlera un allié de choix. Seul soucis, nous devons chausser les lunettes tant la poussière nous arrive continuellement dans la figure. Le bon côté, c’est que ce vent nous porte, il suffit de se pencher, de lever les pieds et on déroule à toutes berzingues, posé sur l’air, j’ai vraiment l’impression de voler, c’est magique. Très vite nous arrivons en troupeau au premier pointage-ravito au restaurant Merlans au centre de la station de ski de St Lary. Je sors mon éco-tasse et commence par une soupe, quelques rondelles de saucisson, un peu de tome, un morceau de banane, le tout arrosé d’une excellente eau gazeuse, le plein de mes gourdes (à l’eau plate), puis ça repart après pas plus de cinq minutes de pause.

Je viens de pointer au milieu du peloton en 289ème position au km 13 en 2h25min et en avance de 38minutes sur le planning…

  • Restaurant Merlans – Artigues (1190m)

Je me demande tout de même si je ne suis pas parti un peu trop vite, je n’avais pas eu l’impression de trop forcer… je vais essayer de me ménager.

Cette portion du circuit est une des plus belles de notre périple. La montée pierreuse, de lac en lac, n’est pas très dure jusqu’au lac Bastan Supérieur puis devient beaucoup plus ardue jusqu’au col de Bastanet (2507m). Là, il faut se retourner et sortir l’appareil photo avant de poursuivre à travers un tout aussi beau paysage.GRP 2010 0827 085224

Quelques piètres descendeurs ralentiront ma progression, mais il n’est pas l’heure de s’affoler, il doit rester près de 140 bornes à se farcir. Bon, je vais quand même jouer au « coupe virage » à travers les pierriers, histoire de m’amuser, de me donner de l’air… La fin de la descente se fait à travers les alpages et la forêt. Les supporters des « Kékés » m’encouragent ainsi que Didier et Catherine (anciens responsables du club de course à pied de Vivonne(86)).

Même scénario que précédemment ; enregistrement du passage, soupe, saucisson, fromage, banane et eau gazeuse. Je fais le plein de mes bidons et je repars en environ cinq minutes…

Pointage en 232ème place (la descente !) au km 29 en 5h16min, toujours en avance de 37min (il a rien lâché le gars !).

  • Artigues – Pic du Midi de Bigorre (2876m)

Je crains énormément ce qui est devant moi ; une seule côte… de 1676m D+ sur une distance de 11km.

Après une mise en jambe plutôt douce, ça durcit rapidement et ce jusqu’au col de Sencours (2378m) où est installé le ravitaillement.GRP 2010 0827 111106

Dans la montée je m’arrête pour prendre un gel « coup de fouet » dans mon sac, j’ai l’impression de me trainer… Je vide tout le compartiment central de mon baluchon et n’y trouve rien ! J’ai dû oublier de charger les victuailles prévues pour rallier Villelongue… dans encore 50 bornes ! Va falloir gérer ! Je m’impose donc un arrêt plus long que celui initialement planifié au premier passage au Sencours (on a presque pris 1200m D+ depuis le dernier ravito). Je mange plus léger, je n’en ai que pour à peine une heure trente avant de revenir ici.

GRP 2010 0827 132622On a pas le choix, le pointage est installé sur le point culminant du GRP, à 2876m d’altitude, sur le Pic du Midi de Bigorre, au bout de la passerelle de l’observatoire, faut grimper ! Ce ne sera pas si difficile que ça, sauf les derniers sept ou huit cent mètres… Il commence à faire chaud en ce milieu de journée.

Le paysage est à la hauteur de l’effort que nous avons fourni. Au sud se dessine très nettement la chaine frontière des Pyrénées, avec le Taillon, la Brèche de Roland, le haut du Cirque de Gavarnie, le Marboré, le Mont Perdu, …, à l’est ; la vallée par laquelle nous venons de monter et au nord ; une mer, non, un océan de nuage, une immensité moutonneuse blanche, je serais bien resté contempler tout cela plus longuement mais je vais me contenter de  quelques photos, la course n’est pas terminée… et encore une avance plus confortable sur le planning !

GRP 2010 0827 132944Pointage en 237ème place (trop de temps au détour du ravito ?) au km 40 en 8h25, de plus en plus d’avance : 50min (va falloir se calmer !)

  • Pic du Midi – Hautacam (1615m)

Début de ma redescente, je croise rapidement Christian qui me suis à pas plus d’un quart d’heure. Repassant par le Sencours, je tombe sur Jean Marie qui y attend Xavier. Tout le monde est encore en course, c’est très bien. Cette fois-ci je prends le temps de ravitailler correctement et d’embarquer une banane entière que je dégusterai à l’heure du gouter, j’ai pris soin de faire le plein (1,5l) des bidons en boisson énergétique. J’estime à environ quatre heures le temps qu’il me faudra pour rejoindre Hautacam.

Cette section va être très frustrante, à partir du col d’Aoube ma vue ne portera qu’entre dix et trente ou quarante mètre, je vais passer l’après midi dans la purée de pois. Dommage, il parait que le lac bleu est superbe, bien que j’en eusse fait le tour, ben j’ai rin vu ! Nous devons éviter les vaches qui sont posées en plein sur le sentier.GRP 2010 0827 132952

Dans la montée du col de Bareilles, je ne sais pas trop à quelle hauteur, alors que la pente commençait à me tirer dans les pattes, qu’il était l’heure du gouter, je me suis posé sur une grosse pierre afin de déguster le fruit que je transporte depuis déjà deux heures. Là, je savoure le spectacle… tout d’abord j’entends les « tic, tic, … » des batons qui heurtent le sol, puis une silhouette se dessine, floue au début, s’affinant ensuite avant de prendre des couleurs à deux ou trois mètres de moi. En fait j’étais proche du col mais… visibilité quasi nulle.

L’arrivée à la Station d’Hautacam se fait sous les acclamations d’un public d’accompagnateurs, ce qui m’aide à gravir l’escalier qui mène au bâtiment. Pointage-ravito : soupe, saucisson, fromage, eau gazeuse et c’est parti mon kiki.

Pointage en 209ème place au km 62 en 12h50 et encore 41min d’avance.

  • Hautacam – Villelongue (504m)

A peine reparti que… demi-tour ! je viens de m’apercevoir après trois cent mètres que mes bâtons sont restés contre le mur de la cabane, donc : qui c’est qui va regrimper l’escalier sous les encouragements (ironiques cette fois-ci) des spectateurs ? ben ça m’apprendra à faire attention !

Après une courte montée, la pente bascule pour douze bornes de descente plutôt facile sauf entre les murs de pierres dans la deuxième moitié où c’est plus raide et où les quadriceps crient leur douleur. Je m’aperçois vite que j’ai fait une autre connerie à Hautacam (décidément !), j’ai oublié de refaire le plein d’eau… et alors que je me préparais à remplir dans le torrent (dans lequel patauge tout un troupeau de bovins un peu plus en amont), j’ai bien failli (si j’y eu cru un jour…) prendre direct la direction de Lourdes bruler tous les cierges destinés à implorer Bernadette tant j’étais heureux de trouver une bouteille d’eau d’un litre que le baliseur de cette portion a dû perdre en posant de la rubalise sur les myrtilles.

GRP 2010 0827 153324A l’entrée du village de Villelongue, j’envoie tous mes bons vœux à la future jeune mariée de demain toute affairée avec sa famille aux préparatifs de la fête. J’arrive vite, ensuite, à la salle où est installée la première « base-vie » et où une bonne centaine de spectateurs nous acclame.

Pointage à l’entrée, plat de pates, saucisson, fromage (mais peu !), compote, café sucré et eau gazeuse. Puis je récupère mon premier sac « assistance » que l’organisation m’a porté jusqu’ici… J’enfile un tee-shirt sec, je change de chaussettes en re-pommadant ma plante des pieds à la NOK, je glisse dans mon sac à dos mon maillot manches longues chaud pour plus tard dans la nuit ainsi que les quelques tubes de gel sensés remplacer ceux que j’aurais dû consommé le long de cette journée… La nuit est annoncée belle, je ne prendrais donc pas de bonnet ni la polaire, je remets mon sac « assistance » pour le récupérer après l’arrivée et repointe en sortant de la salle. J’y est passé cinquante minutes alors que j’avais prévu trente, m…., vingt minutes de perdues, v’là la nuit, y en aura d’autres ! Christian, lui, n’a pratiquement fait que traverser l’endroit, il ne peut rien avaler pour le moment, il s’est simplement changé et verra plus tard.

Arrivée à la première base vie en 193ème après 14h25 de course et 75km, 45min d’avance !

  • Villelongue – Turon de Bene (1549m)

Voilà une bien longue montée pas trop dure sur le papier, ni dans la réalité d’ailleurs (environs 1100m D+), qui démarre du centre de Pierrefitte-Nestalas. Dans les sous bois, je rejoints Christian, parti dix minutes avant moi du ravito. Il est en panne de lampe frontale, et n’a qu’une torche en secours, je lui prête ma frontale de secours, la mienne ne donne pas de signe de fatigue et devrait tenir. La nuit est maintenant bien installée. Christian cherche un coin pour s’allonger un petit moment, il ne va pas mieux malgré sa façon de se soigner très … personnelle, je lui conseille de s’éloigner un minimum du chemin où chacun ne manquerait pas de s’inquiéter de savoir s’il peut faire quelque chose pour l’aider… il comprendra vite !GRP 2010 0827 044032

J’arrive bientôt au pointage-ravito (1549m) tenu par de vieilles connaissances ; Catherine et Didier, de vrais amoureux de la course à pied, la preuve est que quand ils ne peuvent pas courir, ils viennent rendre service aux coureurs, merci les amis. Soupe, saucisson, fromage, eau gazeuse comme d’hab’ et ça repart ! 

181ème pointage, km 84, 17h57, 27min d’avance.

  • Turon de Bene – Cauterets (930m)

Avant d’aller plus loin, je remplace mon tee-shirt par le manche longue thermique, la température a beaucoup baissé. Nous avançons maintenant vers le cœur de la nuit sur la partie qui va me paraitre la plus longue… La montée vers le col de Contente (2134m) n’est pas plus pentue que pour venir au Turon mais il n’y a plus vraiment de sentier, nous évoluons au milieu des pâtures sur les traces des vaches qu’il faut contourner de temps à autres (quand elles sont couchées sur le passage). C’est long, long et ch…t.

Du col de Contente, nous surplombons Cauterets et sa vallée, 1200mètres plus bas, c’est sympa mais je ne vais pas courir un pas de toute la rampe. Ma luciole n’éclaire pratiquement pas, je ne comprends pas pourquoi, j’ai changé les piles juste avant le départ ( ???). Il va me falloir beaucoup de temps pour toucher la ville… J’y arrive avec la nécessité de trouver des toilettes.

Pointage, toilettes (le PQ m’a terriblement irrité les fesses ; sans doute du 1er prix !), soupe, banane, pas de saucisson ni de fromage (çà passe pas bien) mais coca (que je n’aime pourtant pas trop !...), eau gazeuse pour en chasser le goût et un café bien sucré.

178ème pointage, km 98, 21h50min, haïe, haïe ; 29min de retard ! (pas voulu courir la descente du col dans la nuit, v’là le résultat !!!).

  • Cauterets – Aulian (parking station de ski de Luz Ardiden) (1710m)

Un grand nombre de coureurs ne repartira pas de ce site, leurs organismes sont allés jusqu’au bout.

GRP 2010 0827 071848Après avoir encore une fois passé beaucoup de temps à mon goût (on fait une course ! tout de même) à la mairie de Cauterets, j’en sors tranquillement le temps du début de la digestion, puis les jambes semblent tourner plus facilement… Dès la sortie du bled, je me sens super bien et j’ai l’impression de pouvoir monter à grandes enjambées. Hé, hé, je vais quand même pas me gêner !!! La montée du col de Riou (1945m), qu’on m’avait qualifié de plutôt raide, ne sera pour moi qu’une formalité, ça ne trainera pas dans la grimpette (1000m D+) ! SUPER, on vient de dépasser les 100 bornes, y a plus qu’à se laisser glisser pour dévaler les soixante dernières…

… deux cent mètres à dévaler (D-) sur deux kilomètres, ça fait du 10% sur une piste de ski large et facile, donc on court ! L’arrivée au cœur de la station que l’on a en point de mire depuis le col, ne tardera pas. La farce, c’est que nous sommes attendus au premier étage… escalier !, une vingtaine de marche ! Dur !

Pointage, soupe, coca, coca (tiens ?, y prendrais-je gout ?), eau ( !, ...), fruit, café sucré et le plein des bidons (il fait encore nuit et ça descend jusqu’à Luz, mais c’est quand même treize bornes !).

155ème, km 108, 24h58min, 43min de retard, … ho, ho, beaucoup de temps passé à Cauterets !!!

  • Aulian – Luz (684m)

Et c’est reparti pour plus de mille mètres de dégringolade… Là, la colère va monter dès les premiers pas, pratiquement au bout de l’escalier. Au coin du parking nous débouchons dans une prairie pentue, en dévers, sur un sol humide (la rosée est importante) et glissant, et aucun droit à l’erreur… à la pâle lueur de ma lampe, j’aperçois en contrebas quelques rochers que je ne voudrais pas comme piste de toboggan ou but de ma chute comme matelas de réception… Ce passage est très dangereux !!! surtout de nuit ! je n’avance à rien ! j’essais d’assurer au mieux chaque pas et ce n’est pas simple ! j’ai même dû rater une balise et je suis sorti de la piste tellement j’étais concentré sur mon équilibre. Le jour se lève maintenant, je distingue de nouvelles balises en contrebas et quelques gars qui les suivent, je n’en suis qu’à une cinquantaine de mètres, en coupant droit, je ne vais pas tarder à me remettre sur le circuit.

GRP 2010 0828 093314Aux granges d’Aunis (où j’étais déjà passé en rando il y a deux ans), je récupère un bon chemin pas très pentu puis une portion de petite route, c’est le moment de semer les deux ou trois coureurs qui semblaient fondre sur moi dans la prairie (je ne les reverrai que pendant ma pause à Luz). Dans un virage en épingle à cheveux de cette partie asphaltée nous piquons en face pour prendre un chemin puis un sentier abrupt ouvert à la machette quelques jours avant la course pour rejoindre un long (long, …) chemin bordé très souvent de buis.

C’est là, qu’en plein bois (et juste avant le long chemin), un chien de berger vient me trouver, j’y prête peu d’attention pensant qu’il y a des granges voir une ferme dans les environs immédiat, puis ce sont des vaches qui broutent (en sous bois ??? tout fils d’agriculteur que je suis, j’ai pas souvent vu ça, les vaches préfèrent la prairie ( !)), puis ce sont des chèvres en nombre qui sont autour de moi, là il y a un truc ; des chèvres hors de tout enclos… elles ne sont pas venues là toutes seules toutes ces bestioles ! Je me retourne pour mieux scruter le sous bois, et que vois-je ?... à 7h30 du mat’ ce samedi 28 août 2010 ? ... Une Bergère ! Y a des gars, à l’arrivée qui croyaient que j’affabulais ou que j’étais victime de mirage… J’aurai dû la photographier. Si parmi les coureurs qui m’ont suivi, quelqu’un l’a prise en photo, je serai heureux qu’on me l’envoie…GRP 2010 0827 190212

Revenons sur ce long chemin qui passe en balcon au dessus de Luz, que je reconnais très bien, il me semble au bout d’un moment que je suis parti à Gavarnie, tout au fond de cette vallée, tant j’ai dépassé la ville. C’est un vrai plongeon avec des escaliers (parfois) de 400m (D-) sur à peine 1,5km de distance qui nous amènera très rapidement à la deuxième base vie dans l’ancien casino. J’ai repris encore quatre places dans les derniers lacets (YES !!!).

Il y a moins de monde comme spectateurs ce matin… il est 8h30 et l’autre course (le 80 bornes) est partie depuis trois heures trente. Je pointe ( !), je récupère mon deuxième sac, coca ( ?!), pates (juste un peu), saucisson, fromage, compote, le plein et … je change de tee-shirt (il fait bon et le soleil nous a promis de nous tenir compagnie), de chaussettes (après avoir massé les petons à la NOK), de pompes (nouvel amorti, ça peut pas faire de mal) et je range ma frontale d’une façon que j’espère définitive. C’est encore un arrêt d’environ quarante minutes ! Quand même pas facile de faire moins, j’y arriverai pas cette fois-ci.

147ème position, km 119, 27h29min de course, 1h24 de retard sur le programme ( ???) mais le parcours à changé depuis l’an dernier (base de calcul du logiciel “softrun”) ; bien plus long et bien moins roulant surtout sur le haut !!!

  • Luz – Tournaboup (1436m)

Les bénévoles enregistrent ma sortie et c’est reparti…

Je me méfie de cette portion... Luz, c’est au fond de la vallée et devant moi la côte monte jusqu’au col de Barèges (2469m), soit 1785 mètres plus haut, la plus grosse patate de la course ! Je connais la partie haute mais pour rejoindre Tournaboup, je n’ai jamais emprunté les chemins de la rive droite du torrent. Petites routes, chemins, sentiers, ça monte tout le temps. Je suis tellement concentré sur ma respiration et ma progression que je rate un sentier sensé couper un grand lacet, et 300m de rab pour ma tronche… Quand on traverse une prairie, elle est inondée par une grosse et magnifique cascade, hé m…., j’y remplis généreusement une chaussure.GRP 2010 0828 114550

Une fois passé à Barèges (la ville), nous accèderons au ravito-contrôle par de longs et larges chemins ou voie bitumée ne présentant aucune difficulté.

Pointage, soupe, coca, eau, saucisson, banane et le plein (pas question de tomber en panne, il n’y a pas d’eau sur la partie haute).

Les deux premiers du Grand Trail (le 80km) vont passer pendant mon ravitaillement. Ils sont arrivé là à une vitesse que je n’ai pas encore essayé depuis le départ. Pour eux, ça ne traine pas à table, leur assistance est là avec leurs boissons, leurs aliments, …

133ème, km 131, 30h45min, 1h18 de retard (c’est moins malgré une pause « posée »...)

  • Tournaboup – restaurant Merlans (2038m)

Je connais les dix huit prochains kilomètres pour les avoir arpenté en rando l’an passé en sens inverse. On traverse un merveilleux endroit, peut-être un des plus beaux paysages des Pyrénées ; les GRP 2010 0828 124324rhododendrons côtoient les bouleaux, les rochers composent de magnifiques rocailles posées sur des prairies vert tendre de toutes dimensions, le tout traversé par un petit cours d’eau qui tantôt serpente tranquillement au centre de la photo ou alors saute vivement de pierre en pierre d’un côté à l’autre. Que c’est beau ! c’est sans doute pour ça que j’ai fait tant de bornes depuis hier matin et comme le dirait le guide Michelin ; « vaut le voyage ! »… et c’est encore mieux en juin, les rhodos ont des couleurs bien plus vive !  

J’arrive ensuite dans un immense cirque herbeux GRP 2010 0828 141254propice à l’élevage, bordé de hautes parois minérales au nord, où on devine à l’est (en face) le col par où nous quitterons ce lieu et où trône en son centre la cabane d’Aygues-Cluses (2150m). Nous avons la possibilité de faire le plein d’eau ici, deux palettes de bouteilles montées par hélicoptère sont à notre disposition. La fin de la montée sera une suite de replats et de pentes plus prononcées.

Il y a un peu de monde sur ce col, j’y suis pointé et je bascule. Le commencement est plutôt raide et réveille mes quadriceps, impossible de gambader comme je l’imaginais et mes bâtons vont me soulager dans les passages les plus raides. Je trottine peu sur les replats qui sont généralement très pierreux.

GRP 2010 0828 145320J’arrive maintenant au bord du lac de Port-Bielh (2100m) à la cabane-abri-contenaire en tôle qui nous avait abrité de l’orage, un aprèm et une nuit, sur la fin de notre randonnée autour du massif du Néouvielle en juin 2009. La réparation que nous avions opérée à l’époque n’a pas tenu ; la porte est à nouveau arrachée.

La fin de la descente vers le lac de l’Oule (2020m) n’est pas simple non plus… entièrement à couvert d’une épaisse forêt jonchée de pierres, de racines ou traversée de filets d’eau plus ou moins larges (…). Je suis la plupart du temps au pas.

C’est maintenant la der des der des montées de prêt de 400m (D+). Même si j’ai mal aux cannes, je sais que c’est gagné (mon premier GRP version ultra) et en moins de 40 heures, je commence à avoir la banane…  Ça me donne un coup de fouet et j’ai le sentiment d’avancer encore pas trop mal. Le dernier ravito ne tarde pas, et je n’y tarderai pas non plus. Me voici de retour au restaurant d’altitude de la station de ski de St Lary ; le Merlans. On se bouscule moins qu’hier matin… quand c’était le premier ravito.

Pointage, je grignote juste quelques bricoles (je ne sais plus trop quoi… la lucidité qui fout le camp ? ou la hâte d’en terminer ?) et repars très vite.

128ème, km 147, 35h23min, plus qu’1h10min de débours (ça diminue tout doucement !!! faut pas se griller !).

  • Restaurant Merlans – Vielle Aure (791m)

Il me reste entre douze et treize bornes dont les onze dernières en GRP 2010 0828 154148descente… Je fais des calculs dans tous les sens, pendant que mes guibolles me hissent au col du Portet, je devrais friser les 38 heures de courses sur la ligne d’arrivée. J’arrive vite au col avec le sentiment de ne pas avoir trop forcé, c’était de toute façon plus fastoche que la montée que nous en avions fait la veille. C’est fort de ces espérances que j’attaque l’ultime pente négative avec un sourire qui doit largement aller d’une oreille à l’autre. Mais les « 38 », va quand même falloir aller les chercher…

Si j’avais pu courir comme à l’entrainement (…) il ne m’aurait sans doute pas fallu plus d’une heure pour en terminer, mais là je n’arrive pas à dépasser les 10 ou 11 à l’heure (ce n’est peut-être que du 9… ?) et au début il me faut alterner quelques dizaines de mètres marchés pour quelques centaines courus, ensuite je marche de moins en moins souvent ( ?) sauf quand la pente s’accentue trop et où mes cuisses hurlent de douleur m’obligeant à me mettre au pas.

Quand je déboule à Soulan (4,6km de l’arrivée !), je jette un rapide coup d’œil au chrono… c’est sûr ! ce sera moins de 38 (heures de course) ! je savoure déjà !!! Dorénavant, malgré la douleur, je m’impose la course jusqu’à la ligne finale…

Vignec, 800 mètres de l’arrivée, il n’y a pratiquement plus de pente, j’ai l’impression de peser une demie tonne, chaque foulée sur ce faux-plat me demande un effort colossale. Les acclamations des spectateurs sont sans effet sur ma foulée, je ne peux plus accélérer. Je me fait doubler sans rien pouvoir y faire que de regarder cet « adversaire »  me mettre 33 secondes sur les derniers 500 mètres.

Je croise le panneau indiquant l’entrée de Vielle-Aure, GRP 2010 0828 183856il est à peine plus de 18h30, j’y suis ! les glandes lacrymales s’activent, j’appelle la famille au téléphone pour partager ce bonheur (ils vont passer la ligne d’arrivée à plus de 600km de distance), je mets l’appareil photo en mode caméscope… je serai sans doute heureux de me repasser ça la tête froide. J’entends le speaker qui s’égosille au centre bourg qui se rapproche, les cloches et les applaudissements du public m’accompagnent jusqu’à la mairie de Vielle Aure. Sur la place, j’aperçois quelques « Kékés du Bocage », Xavier, Jean-Marie et Christian (mes colocataires) qui m’attendent. Ça fait chaud au cœur et en même temps je suis déçu de ne pas partager le bonheur d’avoir été au bout du périple avec au moins l’un d’eux (aucun autre coureur de notre département (la Vienne) ne terminera cette course, Pierre-Henri a déjà repris la direction du Poitou). Le commentateur prononce mon nom, je viens d’en terminer, on me tend un magnifique tee-shirt Asics vert avec une inscription dans le dos : «Finisher – Grand Raid des Pyrénées 2010 – 160 km 10000m D+ »  que je ne me lasse pas de regarder comme pour me convaincre que c’est fait, que je l’ai fait !

Ça l’a fait !!! 124ème de ce 160,6km (58ème V1H) en 37h34min (encore inespéré à Luz ! ce chrono !) soit 34 minutes de retard sur les prévisions basées sur la course de l’édition 2009 qui mesurait plus de 7km de moins, et c’est GEANTISIME de pouvoir encore marcher après ça.

********

A la vue de ma face, on me dit que mes joues sont plus creuses… bonne raison pour se jeter tout de suite un demi de bière, puis… un autre ! les congratulations des moins chanceux que moi déferlent, le téléphone sonne aussitôt l’arrivée, on me passe des communications, merci l’informatique et internet. Merci à tous pour vos messages de sympathie.

J’ai été très touché par la reconnaissance de tous les coureurs du « 80 » du 3ème au dernier qui m’a dépassé, ils m’ont tous adressé un petit message en me doublant depuis Tournaboup, merci les gars ça fait du bien et ça aide à boucler.

Curieusement, je n’ai pas sommeil, je ne suis levé que depuis 3h30 du mat’… hier ! il est un peu plus de 18h30. Est-ce l’effet combiné des cocas et des cafés ingurgités depuis Cauterets ? J’attendrai sans difficulté pour me coucher aux alentours de minuit après la douche, le diner (dans la même pizzéria que jeudi soir) et un nouveau tour sur la ligne d’arrivée, voir si le dernier « Kéké » est rentré, ainsi que le niortais Dominique… les minutes commencent à me paraitre longues, ils tardent, nous irons nous coucher.

J’aurais pu courir plus léger en n’emportant pas, au fond de mon sac à dos, un poids mort de 300g… les tubes de gels, les barres énergétiques, je les avais bien avec moi ! mais elles n’étaient pas rangées dans mon baluchon à la place habituelle… comme quoi on peut s’en passer. A cette découverte, après la douche, je me serais baffé !GRP 2010 0827 182144

Nous étions 761 inscrits, je ne sais pas trop combien ont pris le départ, certainement autour de 700, nous ne seront exactement que 370 à boucler, le 1er dans un temps de 26h40min, le dernier en 51h02min. J’ai l’impression cette fois-ci d’être entrer qans la cours des grands, celle des coureurs des courses qui me font rêver ; l’UTMB, la Diagonale des Fous, l’AUTV (…), et bien d’autres tout aussi folles.

Nous avons eu beaucoup plus de chance que les copains qui sont allés participer à l’UTMB qui fut stoppé au bout d’à peine plus de deux heures pour cause de météo infecte en altitude, je te dit pas la frustration après des mois d’entrainement intensif… pourtant nous savons bien que les éléments ont toujours le dernier mot en haute montagne. Côté Pyrénées, si on excepte le long passage nuageux (ou dans le nuage) du vendredi après-midi, ce fut un ciel bleu ou complètement étoilé avec une lune basse la nuit qui éclaira ce GRP 2010. En résumé, météo super agréable, voir chaude en milieu de journées.

Vivement la prochaine grande aventure… je suis déjà prêt à m’y préparer !

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B
<br /> c'est pas l'envie qui m'en empeche car je suis sur que ca me plairait mais trop long trop de préparation et de souffrance. le vignemale en 13h c'est pas un problème on peut même rajouter quelques<br /> heures mais un bout de pyrénées en 30h et en courant je n'arrive pas à l'envisager mentalement !!!<br /> pourtant ce doit être superbe à tout point de vue c'est sur.<br /> par contre à mon niveau j'ai vu qu'il y avait un trail de 26km nocturne en 2 sèvres d'ici peu je veux bien le faire avec toi<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> C'est noté, je t'embarque le 6 novembre (on devrait être un petit groupe du Poitou !) et on reste casser la croute sur place après la douche...<br /> <br /> <br /> Il est possible que la semaine suivante, avec DD, on aille à la Krapados Deiz dans le 44... la boue des marais remplacera le dénivelé ! Ambiance assurée .<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> Waouh<br /> tu me coupes les pattes déjà ... et le sifflet ensuite,<br /> je relis tout ça et je t'en dis plus<br /> en tout cas félicitations encore une fois, pour la course et le compte rendu<br /> salut<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Salut Benoit,<br /> <br /> <br /> ça te donne pas encore envie ???<br /> <br /> <br /> en tout cas, si je n'avais pas été au Médoc le WE du 11, j'aurais été heureux de t'accompagner jusqu'au Vignemale, j'ai bien voyagé en image. merci.<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> De la belle ouvrage, rondement menée.<br /> <br /> Encore bravo !<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> C'est quand qu'on s'y remet à deux ? ...<br /> <br /> <br /> Je te promets, la beauté des paysages et la variété du terrain ça aide à avancer !<br /> <br /> <br /> <br />
G
<br /> Bravo, juste bravo !!!!<br /> <br /> Ah non autre chose...si t'as des gels d'occase, j'en veux bien pour les Templiers...lol ;-)<br /> <br /> <br />
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T
<br /> <br /> Merci. Veux-tu que je t'accompagne sur l'Endurance, je pourai te porter ton ravito, ton eau, ... ?<br /> <br /> <br /> Bonne fin de prépa.<br /> <br /> <br /> <br />